Interview

Charles Roussel, Président du Club Francophone d’Affaires de Cluj-Napoca (CFA Cluj)

« La Roumanie m’a offert des projets enthousiasmants et une authenticité qui vous lie profondément. »

Créé en 2011, le Club Francophone d’Affaires de Cluj (C.FAC) est l’un des acteurs économiques les plus dynamiques de la région, engagé activement dans le développement économique local. Depuis sa fondation, le club s’est fixé pour mission de contribuer à la croissance de la région tout en promouvant la francophonie dans le tissu entrepreneurial transylvain.

À l’occasion de la Fête nationale française, nous avons invité son Président à partager avec nos lecteurs une perspective actuelle sur la présence française en Transylvanie, tant sur le plan économique que culturel et humain.

Existe-t-il une francophonie économique au cœur de la Transylvanie ?

(Comment caractérisez-vous la présence du capital français dans la région de Cluj et en Transylvanie ? Quels sont les secteurs les plus représentés ?)

Oui, absolument. La francophonie économique en Transylvanie existe bel et bien, et elle se renforce chaque année. À Cluj-Napoca et dans la région plus large de la Transylvanie, nous voyons une présence active d’entreprises françaises et de partenariats durables. Le Club Francophone d’Affaires de Cluj en est le reflet vivant. Il réunit des entrepreneurs, cadres, investisseurs et partenaires locaux autour de valeurs partagées : la coopération, l’innovation et un attachement profond à la francophonie. Dans la région de Cluj nous allons retrouver des investissements importants aussi bien dans l’industrie que dans les services. On retrouve une forte présence dans les secteurs de l’automobile, de l’aéronautique, des technologies de l’information, ainsi que dans la distribution et les services aux entreprises. Plusieurs grandes entreprises françaises ont établi leurs centres de production ou d’ingénierie ici, bénéficiant d’une main-d’œuvre qualifiée et d’un climat d’affaires favorable.

Selon vous, qu’a apporté la France à la Transylvanie – au-delà des investissements et des affaires ?

(Y a-t-il un héritage ou un esprit français qui se fait sentir dans cette région ?)

La France a apporté à la Transylvanie une culture du dialogue, une certaine élégance dans les relations professionnelles, mais aussi un esprit de créativité et d’engagement citoyen. On perçoit également une influence culturelle, notamment dans l’éducation – à travers les lycées francophones ou les partenariats universitaires – et dans les arts. Il existe un véritable héritage francophone dans la région, nourri par des décennies d’échanges, de coopération culturelle et d’amitié. L’esprit Français se ressent dans certains modes de vie, mais aussi dans la manière de concevoir la qualité de vie, l’espace public, ou la solidarité communautaire. Cet esprit français se traduit aussi dans la valorisation de la culture, des arts et du patrimoine local, souvent en collaboration avec notamment l’Institut Français de Cluj-Napoca. Le club d’affaire organise chaque année les prix CFA et Academia innova où les étudiants universitaires mais aussi des lycées professionnels peuvent soumettre un travail en Français sur des thématiques proposées par nos membres afin de commencer leur intégration dans le monde professionnel.

Les PME jouent un rôle important dans l’écosystème local. Comment s’intègrent-elles et quelle valeur ajoutée apportent-elles au territoire ?

Les PME sont le véritable moteur du tissu économique local. Elles sont flexibles, innovantes et proches du terrain. Les PME françaises implantées ici apportent une expertise, des méthodes de travail structurées, mais aussi une capacité d’adaptation au contexte roumain. Nous avons notamment dans le club plusieurs PME actives dans le secteur de l’HORECA, mais aussi dans l’industrie de précision ou encore le service aux entreprises.

Vous avez récemment célébré les 10 ans du Club. Que représente cette étape pour vous et pour la communauté que vous représentez ?

(Quels sont les moments-clés ou les réalisations qui vous ont marqué ? Contribution membres)

C’est une étape symbolique, mais surtout une confirmation de la vitalité de notre communauté. En 10 ans, le Club Francophone d’Affaires de Cluj est devenu une plateforme reconnue d’échange, de soutien et de coopération. Ce jubilé a été l’occasion de regarder le chemin parcouru : des rencontres, des projets conjoints, des actions de mécénat, des liens renforcés entre les membres. Nous avons vu émerger une vraie solidarité francophone, une énergie collective portée par des femmes et des hommes engagés.

Parmi les moments forts :

•          La création du Club, évidemment.

•          La fête de la France organisée en collaboration avec les institutions qui se déroule chaque année dans le parc central de Cluj-Napoca avec plus de 600 convives.

•          Nos partenariats éducatifs avec les universités locales.

•          Et surtout les moments de solidarité, comme nos actions de soutien où nous plantons la forêt CFAC ou nos projets avec les jeunes entrepreneurs.

Chaque membre, chaque initiative compte et contribue à tisser ce réseau humain et professionnel.

Comment le CFA Cluj célèbre-t-il chaque année le 14 juillet ? Avez-vous des traditions ou des événements particuliers ?

Le 14 juillet est un moment très spécial pour nous. C’est une fête de la liberté, de la fraternité, mais aussi de l’amitié franco-roumaine. Nous organisons traditionnellement une soirée conviviale réunissant nos membres, partenaires, familles, étudiants et autorités locales. Un mélange de gastronomie, de musique, de discours et de partage. Chaque année, nous essayons d’y intégrer une touche culturelle pour faire vivre les valeurs de la francophonie.

Comment voyez-vous l’avenir des relations économiques et culturelles entre la France et la Roumanie ?

(Y a-t-il des domaines à fort potentiel ?)

Je suis très optimiste. La relation entre nos deux pays est mature, stable et en constante évolution. Nous avons encore un fort potentiel de coopération dans des secteurs comme la transition énergétique, le numérique et l’intelligence artificielle, l’agriculture durable, ou encore la formation professionnelle. Le rôle des régions comme la Transylvanie est clé dans cette dynamique, car elles incarnent ce lien direct, pragmatique et humain entre la France et la Roumanie. Je pense aussi que le tourisme culturel et durable ne demande qu’à se développer car la Roumanie dispose d’une nature incroyablement riche et préservée qui demeure encore assez inconnue du grand public. Les investissements actuels dans les infrastructures de transport vont permettre d’encourager ce tourisme grandissant.

Qu’est-ce qui vous a amené en Roumanie et qu’est-ce qui vous a convaincu d’y rester ?

Comme beaucoup, je suis venu pour une opportunité professionnelle. Mais c’est autre chose qui m’a retenu : la richesse culturelle, la nature environnante et ce sentiment d’être utile. La Roumanie m’a offert des rencontres marquantes, des projets enthousiasmants, et une qualité de vie que je n’aurais pas imaginée. Et puis, il y a un rythme, une authenticité ici qui vous attache profondément à ce pays.

Quels sont les lieux ou les régions de Roumanie/France qui vous ont particulièrement séduit ?

En Roumanie, j’ai un attachement particulier pour les Apuseni, la Bucovine et bien sûr Cluj, cette ville à la fois dynamique et attachante.

En France, je reste très lié à ma région d’origine, la Normandie, région chargée d’histoire, mais j’ai une affection particulière pour des régions comme la Loire ou encore la Dordogne, où culture et nature se rejoignent avec poésie.

Charles Roussel est ingénieur mécanique né en Normandie. Il a fait ses tubes dans le bassin aéronautique du sud-ouest français, ce qui l’a amené ensuite à démarrer une carrière chez SONACA, constructeur aéronautique belge servant les plus grands avionneurs : Airbus, Dassault, Bombardier, Embraer. Après 10 années dans les arcanes de la production sur le site de la maison mère à Charleroi, il a décidé de s’expatrier à Cluj-Napoca. Il est depuis 4 ans le directeur général du site SONACA Roumanie, qui compte aujourd’hui 200 employés et opère sur 3 process : Assemblage, Composite, Formage d’Aluminium.

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