Interview
Sorin Pâslaru, Rédacteur en chef de Ziarul Financiar
La Roumanie a toujours regardé la France comme une grande sœur du « beau monde » – et a toujours voulu lui ressembler.
Qu’admirez-vous en France et en quoi vous inspire-t-elle ?
J’admire la France parce qu’elle place l’être humain au centre, avant tout : avant le pouvoir, l’argent ou l’État. La Révolution française de 1789 a lancé l’émancipation des peuples à travers le monde. Je suis inspiré par son élégance, son attitude de joie de vivre, sa confiance en l’humanité et en la bonté du monde.
Je peux dire que mon tout premier déplacement à l’étranger en tant que journaliste a été à Paris, en 1999, et j’y ai découvert « un grand Bucarest ».
Je pense que la Roumanie doit énormément à la France, qui, sans intérêts économiques directs, nous a soutenus sur notre chemin européen – par solidarité de valeurs, en tant que nations latines, partageant une vision commune de la vie et du développement de la société.
Comment percevez-vous l’environnement économique roumain après plus de 30 ans d’investissements ? À quoi ressemble la Roumanie d’aujourd’hui ?
Les investissements français dans l’automobile, la banque, les assurances ou la viticulture ont été des piliers de la reconstruction économique post-1990.
Je me souviens d’un entretien réalisé en 1999 avec le conseiller économique de l’Ambassade de France à Bucarest – il était très enthousiaste quant au potentiel de la Roumanie. Ce potentiel s’est concrétisé : aujourd’hui, la Roumanie atteint près de 80 % de la moyenne de l’UE en parité de pouvoir d’achat.
Les restaurants de Bucarest rivalisent avec ceux de Paris (au moins en termes de prix...), et les quelques milliers d’entreprises françaises en Roumanie réalisent un chiffre d’affaires de 30 milliards d’euros par an, avec 125 000 employés, ce qui place la France en deuxième position après l’Allemagne. La Roumanie a doublé son PIB au cours des sept dernières années, et devra le doubler à nouveau dans les dix prochaines pour atteindre la moyenne européenne.
La France est le 3e investisseur direct en Roumanie. Comment sa présence se reflète-t-elle dans l’économie, les communautés et la société roumaine ?
La France est 3e en termes d’IDE, mais elle est 2e en chiffre d’affaires et en nombre d’employés, juste après l’Allemagne. Contrairement à l’Allemagne, la France est venue avec une grande banque – Société Générale – et dans le secteur automobile, la marque Dacia Logan est sans doute la plus forte marque franco-roumaine à l’échelle internationale.
Renault a installé ici un centre de design ; elle traite la Roumanie comme un véritable partenaire. Le centre Renault en Roumanie est comme un second siège – ce n’est pas qu’une simple usine.
Les investissements français vont au-delà de l’aspect financier : ils traduisent un système de valeurs partagé. La Roumanie a toujours regardé la France comme une grande sœur du « beau monde » – et a toujours voulu lui ressembler.