Interview
Nicolas Lebaron, Directeur des Achats, Veolia Roumanie
La Roumanie en 3 mots ? « Adaptabilité, Énergie, Nature ».
Nicolas LEBARON, Français d’origine et aujourd’hui Directeur des Achats chez Veolia Roumanie, raconte son passage de la vie d’étudiant en France à ses débuts professionnels en Roumanie. De l’intégration dans une nouvelle culture aux différences de mentalité, en passant par la manière dont la durabilité transforme le domaine des achats, Nicolas partage une perspective personnelle sur le courage et l’adaptabilité dans un contexte interculturel.
La transition de la vie étudiante en France vers les débuts de carrière en Roumanie – comment s’est passée cette expérience ?
Lorsque j’étais étudiant en quatrième année à l’École d’ingénieurs, je suis parti aux Pays-Bas avec le programme Erasmus pour un trimestre. Je m’étais alors promis qu’immédiatement après l’obtention de mon diplôme, je partirais en Europe pour ma première expérience professionnelle. Je n’imaginais pas que ce serait en Roumanie.
L’opportunité offerte par Veolia a été un grand défi et j’ai accepté la relocalisation, même si je ne savais pas grand-chose de la Roumanie. Ici, j’ai pu me développer très rapidement, mettre en place des projets durables et créer une structure d’achats et de logistique. En tant qu’expatrié, j’ai constaté que je bénéficiais d’une plus grande liberté d’action et d’une visibilité renforcée au sein du Groupe. De plus, j’ai apprécié la qualité, l’ouverture intellectuelle et le dynamisme de mes collègues roumains, ainsi que leur volonté de résoudre rapidement les problèmes. Ils m’ont accueilli sans préjugés.
Concernant l’adaptation à une culture avec des similitudes communes : qu’est-ce qui a facilité l’intégration ?
En ce qui concerne l’adaptation à la culture roumaine, les racines latines communes des deux langues et certaines pratiques culturelles ont rendu mon intégration plus facile. La compréhension de la langue (j’ai appris le roumain après un an) m’a permis de mieux communiquer, de créer des liens avec mes collègues et de me faire des amis roumains. De plus, la reconnaissance et l’appréciation des traditions, coutumes et valeurs communes entre la France et la Roumanie ont favorisé un sentiment d’appartenance et facilité ma transition.
Sur le plan culinaire, la vie est facile pour les Français en Roumanie : les deux cuisines sont reconnues pour leur diversité et la qualité de leurs plats. Il existe certaines similitudes, comme l’utilisation de légumes frais et d’épices.
Art et littérature : les deux pays possèdent une riche histoire artistique et littéraire, avec parfois des influences réciproques. Par exemple, l’écrivain français Eugène Ionesco était d’origine roumaine et son œuvre a été influencée par la culture roumaine.
Y a-t-il une coutume roumaine que vous avez adoptée rapidement ?
La Roumanie se distingue par la beauté de ses coutumes et traditions, dont beaucoup m’ont séduit facilement. En particulier, j’aime célébrer les événements spéciaux avec mes collègues, comme les anniversaires ou les fêtes du printemps (les 1ers et 8 mars). Ces moments sont essentiels pour renforcer l’esprit d’équipe.
Quelles similitudes et différences vous ont le plus surpris entre la culture du travail en France et celle en Roumanie ?
Il existe de nombreuses similitudes entre les deux systèmes, telles que : la valorisation de l’éducation et de la formation professionnelle, ou l’importance de l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle.
J’ai également observé des différences. Par exemple, en Roumanie, les changements sont beaucoup mieux acceptés et assimilés. Les gens sont plus flexibles et s’adaptent rapidement. De plus, il existe plus d’enthousiasme et une plus grande implication dans l’activité professionnelle. La Roumanie possède une culture entrepreneuriale et du travail indépendant plus développée que la France.
Si vous deviez décrire la Roumanie d’hier et d’aujourd’hui à un Français, quels seraient les trois mots ?
Adaptabilité, Énergie, Nature.
Comment la double appartenance culturelle se reflète-t-elle dans la vie de vos enfants ?
Mes enfants ont une double appartenance culturelle, française et roumaine, qui se reflète de différentes manières dans leur vie. Ils parlent à la fois le français et le roumain et, dans leur éducation, nous les exposons aux deux cultures.
Par exemple, ils apprennent l’histoire et la littérature de la France et de la Roumanie, écoutent de la musique des deux pays et participent à des événements culturels dans les deux communautés. Cette exposition à deux cultures leur permet d’avoir une vision plus large du monde et de s’adapter plus facilement à différentes situations et personnes. Cependant, il existe aussi des défis, comme la difficulté à trouver leur identité culturelle ou à faire face à des stéréotypes et préjugés. En tant que parents, nous essayons de leur offrir un environnement dans lequel ils se sentent à l’aise et peuvent explorer leur identité culturelle de manière positive.
Quels sont les principaux défis dans le domaine des achats, au sein d’une entreprise comme Veolia ?
Les principaux défis dans le domaine des achats incluent :
• Les achats représentent une source majeure de risque pour toute entreprise, et Veolia ne fait pas exception. Les risques sont multiples : qualité, ruptures dans la supply-chain, financiers et réputationnels.
• Le respect des réglementations et des normes internationales et locales : Veolia est une multinationale présente sur 5 continents. Elle doit donc respecter ces normes dans toutes ses opérations d’achats.
• L’amélioration de l’efficacité opérationnelle : les achats sont une zone clé pour réaliser des économies significatives, grâce à la négociation des prix, la réduction des volumes et l’optimisation des processus.
• La gestion des relations fournisseurs : Veolia dispose d’un vaste réseau de partenaires, et leur gestion est essentielle pour le succès de nos opérations. Cela inclut l’évaluation de la performance, la gestion des risques et le développement de relations durables avec les fournisseurs stratégiques.
• La digitalisation des processus d’achats : elle permet de réduire le temps et les coûts, d’améliorer la visibilité et le contrôle, et d’accroître l’efficacité opérationnelle.
Dans quelle mesure la durabilité influence-t-elle les stratégies d’achats et la collaboration avec les fournisseurs ?
La durabilité est un facteur clé qui influence les stratégies d’achats et les collaborations avec les fournisseurs. Ces dernières années, les entreprises ont commencé à reconnaître son importance et à l’intégrer dans leur stratégie. Veolia, par exemple, a une politique forte en matière de durabilité et s’engage à réduire son impact environnemental tout en promouvant des pratiques responsables dans toutes ses opérations.
En matière d’achats, la durabilité peut influencer les décisions de différentes manières :
- Évaluer les fournisseurs sur des critères de durabilité : impact environnemental, gestion des déchets, utilisation de ressources renouvelables.
- Sélectionner des produits et services durables : par exemple, choisir des équipements moins énergivores ou fabriqués à partir de matériaux recyclés.
- Collaborer avec les fournisseurs pour promouvoir des pratiques durables dans toute la chaîne d’approvisionnement : réduction des émissions de carbone, meilleures pratiques de gestion des déchets, etc.
En conclusion, la durabilité est un facteur essentiel qui influence les stratégies d’achats et les collaborations avec les fournisseurs. En suivant ces pratiques, Veolia peut réduire son impact environnemental, diminuer les coûts et accroître l’efficacité de ses opérations.
Qu’avez-vous appris de vos collègues roumains que vous recommanderiez également à un manager français ?
De mes collègues roumains, j’ai appris l’importance de valeurs telles que le travail en équipe, la résilience et l’adaptabilité. Je recommanderais à un manager français de créer un environnement collaboratif, d’encourager les employés à relever les défis, de promouvoir l’innovation et de rester ouvert aux changements pour atteindre la performance. J’ai pu constater à quel point ces principes sont intégrés dans la culture roumaine du travail, contribuant à une atmosphère productive et harmonieuse.
Je recommanderais, sans hésitation, à tout manager français travaillant dans un contexte similaire, de prioriser la création d’un environnement collaboratif. Il est crucial d’encourager les employés à accepter les défis, à surmonter les obstacles et à y voir des opportunités de croissance. La promotion de l’innovation, la stimulation de la pensée critique et l’encouragement à l’expérimentation sont également des éléments clés de la réussite.
Enfin, l’ouverture au changement et la flexibilité sont essentielles pour naviguer efficacement dans un environnement économique dynamique. Adopter une attitude proactive face au changement et la capacité à s’adapter rapidement aux nouvelles conditions peuvent faire la différence entre un simple progrès et un succès remarquable.